En 2064, la situation climatique a rendu la Terre inhabitable. Les uns après les autres, les pays, les continents sont noyés sous les flots. Petit à petit, la planète s’est vidée. Les populations les plus riches ont acheté à prix d’or des places dans des navettes et sont parties vers une autre planète, Nera, que ses nouveaux habitants ont rebaptisée Reborn, ce qui signifie « né à nouveau ».
Même si elle est éclairée par deux soleils, Reborn n’est pas un paradis. Les fruits et légumes n’y ont guère de saveur, il n’y a pas d’eau, pas de lune… Mais les anciens terriens, forts de leurs technologies et de leurs robots, y vivent en sécurité. Quand ils arrivent sur Reborn, un « processeur identitaire » est greffé dans leur nombril et il prouve leur droit à se trouver sur la planète.
Les autres, les clandestins qui ont payé des passeurs et accompli le périlleux voyage dans l’illégalité, sont impitoyablement refoulés. Chuong est l’un de ceux-là. Il vit seul sur Reborn car les passagers de son vol, dont ses parents, ont été interceptés à peine arrivés et renvoyés sur la Terre. Chuong a réussi à échapper aux contrôles et est resté. Le roman raconte son existence, comment il réussit à survivre, les liens qu’il noue : une amitié improbable avec Richard, un autre invasif, une autre avec Angèle, une vieille dame des beaux quartiers, d’origine vietnamienne comme lui.
Très vite, on se prend de sympathie pour cet ado courageux et tenace. Va-t-il réussir à rester sur Reborn ? On ne décroche pas de ce livre, bien construit, écrit à la première personne : c’est Chuong qui raconte son histoire et cela augmente l’efficacité du récit.
Les plus jeunes lecteurs liront peut-être ce livre comme un roman d’aventure, mais les plus grands se poseront des questions. Car si la forme du roman est celle de l’anticipation, si Thierry Robberecht décrit avec talent un monde à venir, son récit nous tend un miroir où regarder le nôtre. Pour Chuong et pour Reborn, l’histoire se terminera bien. Et pour la Terre, demain ?