Les enfants Cherchemidi sont trois. Otto, l’aîné, Lucia (prononcez Loutchia si vous ne voulez éviter les ennuis avec elle) et Max. Ils vivent avec leur père à Petit-Corniflard dans le fin fond de l’Angleterre. Un jour, Tess, leur maman, a brusquement disparu et ils portent vaillamment leur chagrin et leurs joies. S’ils se chamaillent souvent, ils sont unis comme trois doigts d’une main et c’est heureux car dans le village, on les tient plutôt à l’écart. La disparition de Tess a laissé les gens vaguement soupçonneux. Et puis, les Cherchemidi ne ressemblent pas aux autres et la plupart des gens n’aiment pas trop cela.
Régulièrement, leur père, Casper, s’en va peindre des célébrités déchues, les confiant alors à l’horrible madame Carnival. Cette vie plutôt tranquille va connaître quelques soubresauts le jour où pendant un de ses déplacements, Casper décide d’envoyer le trio à Londres chez la tante Angela. Mais il y a maldonne et celle-ci est absente. Voici les enfants Cherchemidi seuls dans la capitale. Après une nuit mouvementée sur les quais de la Tamise, ils décident de prendre le train pour Somnol-sur-Mer où se trouve leur grand-tante Haddie qu’ils ne connaissent pas encore. Ils découvrent une grand-tante aussi jeune qu’originale, logée dans un tout petit château plein de surprises face au sombre et gigantesque château Torsepied enveloppé de mystère …
Le roman se situe dans la grande tradition des romans d’aventure avec château, passage secret, rencontres hasardeuses, errance dans la forêt… Mais Ellen Potter renouvelle le genre avec brio et une irrésistible drôlerie. Impossible de lâcher Torsepied, on dévore le roman avec délices ! La lecture procure quelques frissons, des éclats de rire et de l’émotion. Sous l’aventure qu’elle mène de main de maître, Ellen Potter dessine tout en finesse un plaidoyer pour la richesse des différences, une mise en garde vis-à-vis des secrets de famille et esquisse un chemin pour vivre et apaiser le chagrin.
Il faut saluer la richesse de la traduction d’Emmanuèle Sandron qui a adapté en virtuose l’originalité des noms et des tournures imaginées par l’autrice. Une merveille !